Tu t’es vu quand tu recrutes ?
Une histoire vraie et édifiante qui m’a été relatée par une de mes anciennes collaboratrices avec qui j’ai eu le plaisir de travailler durant plus de dix ans.
L’aventure se déroule dans le cadre d’un process de recrutement plutôt classique à l’étape ou un cabinet de recrutement d’honorable réputation l’a convoquée pour un entretien de validation final de sa candidature (short list). Cet entretien est organisé en visioconférence ce qui en 2021 et période COVID semble tout à fait compréhensible.
Je précise que la personne en position de candidate postule pour un poste de cadre ressources humaines spécialiste du recrutement et possède une expérience de plus de quinze ans à cette fonction. Elle a précédemment passé avec succès toutes les étapes avec l’organisme qui recrute. L’enjeu de ce dernier entretien avec le cabinet de recrutement est pour elle particulièrement important car elle est extrêmement motivée pour le poste.
C’est donc fin prête et déterminée que le jour dit et à l’heure dite elle clique sur le lien lui permettant d’accéder à la visioconférence.
Très vite la communication est établie : image et son. Ouf, pas de problème technique.
Et là : un moment de stupéfaction. A l’image un consultant est assis dans un fauteuil « type président » de dos dont elle ne distingue que le sommet du crane dépassant de l’assise du fauteuil …
Après un bref bonjour, le consultant prend la parole et indique que durant tout l’entretien il restera ainsi de dos sans regarder son interlocutrice afin de ne pas être influencé ni pollué par son physique ni son expression corporelle !
Comme cela se pratique à la télévision pour une célèbre émission et ses auditions à l’aveugle.
La malheureuse candidate m’a confié avoir été quelque peu déstabilisée et immédiatement stressée par cette mise en scène.
Fort heureusement, elle va très rapidement reprendre pied en cela fortement aidée par la banalité des questions et la conduite de l’entretien qui va se dérouler. Elle aura également l’intelligence humaine de ne manifester aucune réaction négative face à la situation et de jouer le jeu avec application.
Au terme de l’entretien et pour le conclure le consultant finit par faire pivoter son fauteuil et enfin lui faire face dans un mouvement théâtral. Comme à la télévision. Et il est manifestement très content : de lui !
S’ensuivra un long débrief du consultant (jeune – elle le découvre enfin) qui après un bref exposé des qualités qu’il a détecté chez elle va faire un long déroulé des freins et des doutes qu’il se doit de relever pour une candidature à ce poste …
Pour conclure que malgré tout cela c’est bien sa candidature qu’il va retenir et défendre fermement auprès de l’organisme recruteur !
L’attitude en effet miroir de la candidate reflétant satisfaction et admiration (feinte) pour la qualité de l’entretien pourrait-il avoir exercé une influence sur cette décision positive du consultant ? Je vous laisse en juger.
Pour ma part, je pense aux candidats qui ont vécu ce même entretien sans conclusion positive, au client qui a payé pour cette prestation, à tous les grands discours et théories sur l’expérience candidat et l’image employeur. Et je reste sans voix … mais le fait de pouvoir l’écrire et le partager me soulage un peu.
Et vous, cela vous fait réagir ?
Pierre TRIAU