Dans le monde du recrutement : deux visions s’affrontent.
Je rends ma pratique du recrutement complexe car cela donne de moi une image de professionnel et de sachant …
Je simplifie, m’adapte et favorise l’efficacité car je pense que c’est précisément la marque du professionnalisme …
Illustration.
Je viens enfin de réussir à contacter ce super candidat sourcé sur LinkedIn. Celui là je ne voulais pas passer à côté – son profil matche très fort avec les critères de ma mission de recrutement !
Notre premier échange téléphonique me permet de le convaincre d’étudier l’opportunité que je lui ai présentée succinctement.
Bien entendu, je lui demande de me transmettre un CV actualisé (bien qu’il ne soit pas en recherche active). C’est que je suis professionnel …
Quelque temps plus tard j’accuse réception du CV et lui propose un entretien en visioconférence. Ce rendez-vous fixé, j’en profite pour lui demander de m’envoyer une lettre de motivation. J’aurais peut-être le temps de la lire et puis cela ne coute rien. C’est que je suis professionnel …
Rigoureux et organisé, je confirme le rendez-vous pris avec le lien pour se connecter à TEAMS au jour et à l’heure dite. J’indique que j’ai ajouté en PJ le dossier de candidature (trois pages seulement et faciles à renseigner). Je précise bien entendu qu’il conviendra de me le retourner complété avant notre entretien. Prudent je vérifie cette PJ – parfait : c’est la bonne version, pas l’ancienne avec les questions concernant la profession des parents, le nombre d’enfants et le service militaire. C’est important, mon client la lira peut-être ? C’est que je suis professionnel …
Excellent entretien en visioconférence et objectif atteint mon candidat se déclare intéressé et souhaite rencontrer l’entreprise qui recrute. Je lui confirme que je vais donc soumettre sa candidature. Je lui demande de m’indiquer deux ou trois personnes auprès de qui je vais pouvoir faire en parallèle un contrôle de références. C’est que je suis professionnel …
J’explique, bien entendu, que je reviens vers lui dès que j’aurais eu un retour de l’entreprise qui recrute pour indiquer s’il elle confirme donner suite. Et comme je l’espère, si le l’avis est favorable, qu’il conviendra de prévoir trois entretiens avec les décisionnaires. C’est que je suis professionnel …
Je mets un point d’honneur à affirmer que dans l’hypothèse défavorable je le tiendrai informé. (Pourvu que je n’oublie pas). C’est que je suis professionnel …
Mince, j’ai oublié de lui préciser qu’il aurait sans doute un test de personnalité à passer.
Question :
Faut-il s’étonner en 2022 qu’un nombre de plus en plus significatif de candidats décroche, et disparaisse durant le processus de recrutement ? Ne convient-il pas de considérer que très souvent nous venons les solliciter alors même qu’ils sont en poste et au mieux « à l’écoute » et pas en « recherche active » ?
On peut lire de nombreux articles sur le phénomène baptisé « ghosting » ou disparition de candidats.
Et si l’explication de ce phénomène était extrêmement simple à identifier ?
Et si seules nos habitudes datées et nos modes de fonctionnements méritaient d’être réfléchis et adaptés ?
C’est que je suis professionnel ?
Pierre TRIAU