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Il est impératif de pouvoir détecter en entretien les individus victimes de l’effet Dunning-Kruger (ou surestime de soi).

Intégrer dans son équipe toute personne ayant cette caractéristique présente un risque majeur qui ne supporte d’être pris qu’en toute connaissance de cause.

 L’effet Dunning-Kruger peut être présenté comme l’exact opposé du syndrome de l’imposteur.

La personne sujette au syndrome de l’imposteur est la principale victime de ce biais.

L’individu sous l’effet Dunning-Kruger n’est jamais une victime, les effets pervers touchent l’organisation, les équipes, collègues et manageurs.

J’ai commis l’erreur il y a fort longtemps de recruter une consultante présentant toutes les caractéristiques de l’effet Dunning-Kruger (je suis loin d’être infaillible).

Quelles conséquences ?

Une surestime de soi et plus particulièrement sur ses compétences professionnelles.

L’incapacité totale à connaitre ses limites de compétences et à reconnaitre les compétences d’autrui.

Toute remise en cause est inimaginable car la personne n’a aucune conscience du biais cognitif qui la limite.

C’est une personne qui refuse de s’impliquer et manque d’intérêt total pour tout changement, piste d’amélioration et perfectionnement car ne se sent absolument et en aucun cas personnellement concernée.

Questionnez en réunion : que pourrions-nous faire pour booster tel business ? La personne Dunning-Kruger expliquera à tous ce qu’ils doivent faire – sans jamais imaginer qu’elle puisse elle-même être concernée par un effort et un changement. Normal, elle est déjà tellement au-dessus du lot.

Pour en revenir à la fameuse consultante évoquée plus haut, elle se targuait de développer une « activité industrie » pour laquelle elle s’auto évaluait comme une spécialiste. Droite dans ses bottes et malgré un manque total de résultat durant plus de quatre ans elle a persisté avec force assurance à maintenir sa position pourtant factuellement indéfendable.

Il y a encore des gens pour tenter de nous persuader que la terre est plate.

Le danger est que nous confondons parfois (souvent ?) l’assurance avec la compétence !

Dans nos organisation les personnes ayant une véritable « surestime de soi » prennent souvent la place de celles qui sont sous l’effet du « syndrome de l’imposteur ». Dans la réalité ce sont donc ces premiers qui sont les véritables imposteurs.

Comment les détecter – mon truc :

Si durant l’entretien une petite alarme rouge me titille, je tente lever le doute systématiquement.

Ma question : Nous arrivons au terme de notre entretien, peut-être y a-t-il un point, un élément que vous souhaiteriez reprendre, compléter, améliorer, préciser ? Je vous en laisse le choix et la liberté.

A cette question deux types de réponses vont me conforter quant à la consistance de mon doute :

  • Non, vraiment rien, je pense que c’était un bon entretien.
  • Oui, juste une petite chose … et là digression sur un sujet sans réel intérêt afin de répondre à ma question poliment.

Par définition le Dunning-Kruger se juge bon et il lui parait donc incongru qu’on lui propose d’améliorer sa prestation.

 

Pierre TRIAU